4 mars 2010
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Comment dater un meuble et respecter son montage d'origine lors d'une restauration
Si vous ne disposez d'aucun descriptif , certificat ou garantie de professionnel,
voici quelques conseils facile à appliquer sans rien démonter !
Ils ne sauraient remplacer l'expertise d'un homme de l'art mais vous permettront d'y voir plus clair :
Si vous ne disposez d'aucun descriptif , certificat ou garantie de professionnel,
voici quelques conseils facile à appliquer sans rien démonter !
Ils ne sauraient remplacer l'expertise d'un homme de l'art mais vous permettront d'y voir plus clair :
Cannelures et sculptures
Jusqu'a la fin du XIXe siècle,les ébénistes travaillaient à la main.Même les plus talentueux de ces artisans ne parvenaient pas à obtenir une parfaite constance dans la
réalisation de sculptures et de cannelures.
Parfois spéctaculaires sur les pieds des meubles Louis XVI, ces défauts se repèrent aussi sur le piétement de la plupart des sièges du XVIIIe siècle.
Parfois spéctaculaires sur les pieds des meubles Louis XVI, ces défauts se repèrent aussi sur le piétement de la plupart des sièges du XVIIIe siècle.
Dès la fin du XIXe,
les ateliers axés sur les copies en grande série
(avant les faussaires et artisans moins talentueux) ont imité les créations des siècles précédents en les travaillant à la machine.
(avant les faussaires et artisans moins talentueux) ont imité les créations des siècles précédents en les travaillant à la machine.
Résultat: un travail sans âmes, mais
d'une grande régularité, avec des sculptures sans défauts et des cannelures symétriques.
En revanche, les
raffinements qu'affectionnaient les ébénistes des siècles précédent disparaissent,
les cannelures qui s'affinaient vers la base (en sifflet) ou les piétements effilés disparaissent.
Le travail à la machine favorise les tailles plus grossières.
les cannelures qui s'affinaient vers la base (en sifflet) ou les piétements effilés disparaissent.
Le travail à la machine favorise les tailles plus grossières.
Les Chevilles
Jusqu'au début du XIXe siècle,la majorité des meubles massifs étaient assemblés par chevillage.On ne collait pas les éléments entre eux,mais on les faisait tenir grâce à
des chevilles fichées dans le bois.Elles sont visibles sur tous les points d'attache des meubles,souvent à l'extérieur,parfois à l'intérieur.
L'assemblage des meubles plus récents,copies ou créations originales du XIXe
ou XXe siècle,est plus généralement réalisé par collage,renforcé par des vis voir des équerres.
Des traces de collages indiquent
que le meuble n'est pas du XVIIIe siècle et antérieur,ou qu'il a été
(mal) restauré.
(mal) restauré.
L'absence de chevilles confirme
que le meuble est postérieur au XVIIIe siècle.
Cependant Attention!
les copies arborent parfois des chevilles factices.
Difficile à contrôler sauf si l'une d'elle manque (ou si vous pouvez en extraire une).
Les chevilles traditionnelles des ébénistes du XVIIIe et antérieurs sont tronconiques;l'extrémité enfoncée est nettement plus fine que l'opposé.
Les chevilles "modernes" sont cylindriques.
Difficile à contrôler sauf si l'une d'elle manque (ou si vous pouvez en extraire une).
Les chevilles traditionnelles des ébénistes du XVIIIe et antérieurs sont tronconiques;l'extrémité enfoncée est nettement plus fine que l'opposé.
Les chevilles "modernes" sont cylindriques.
Les Tiroirs
Ouvrez de
quelques centimètres le tiroir d'une commode ou d'un buffet.
Les queues d'aronde,trapèzes réalisés par l'ébéniste pour solidariser la façade et les cotés vous aideront à dater le meuble.
Les queues d'aronde,trapèzes réalisés par l'ébéniste pour solidariser la façade et les cotés vous aideront à dater le meuble.
Sur les plus anciens,XVIIe et antérieurs (Louis XIII notamment),il n'y a pas de trapèze: les
découpes sont à angle droit.
Jusqu'au milieu du XVIIIe,les trapèzes sont nets
mais les découpes peu nombreuses:
deux queues-d'aronde,parfois trois,mais rarement plus.
deux queues-d'aronde,parfois trois,mais rarement plus.
Dans la seconde partie du XVIIIe et au XIXe(Louis XV,Louis
XVI,Directoire,Empire,Restauration,Louis-Philippe,Charles X) les découpes sont de plus en plus
nombreuses.
Trois queues-d'aronde au moins à la fin du XVIIIe siècle; et jusqu'a six pour certains meubles sophistiqués.
Elles s'affinent au XIXe siècle.
Elles s'affinent au XIXe siècle.
Dès la fin du XIXe siècle(Napoleon III,copies des siècles précédents...),les machines
entrent en scène.
Sur de nombreux meubles, les découpes sont très éffilées et très régulières.
Le nombre de queues-d'aronde est élevé:4 à 6 en moyenne.
Sur de nombreux meubles, les découpes sont très éffilées et très régulières.
Le nombre de queues-d'aronde est élevé:4 à 6 en moyenne.
Dimension
Mesurez la pièce convoitée avec précision,surtout s'il sagit d'un petit
meuble ou d'un modèle en placage qui a peu de chance d'avoir beaucoup travaillé.
Non seulement en hauteur,largeur,profondeur,mais relevez aussi les dimensions intermédiaires:
largeur et hauteur des tiroirs,des portes,largeur du bâti,hauteur de l'assise...
Non seulement en hauteur,largeur,profondeur,mais relevez aussi les dimensions intermédiaires:
largeur et hauteur des tiroirs,des portes,largeur du bâti,hauteur de l'assise...
Si vous obtenez plusieurs dimensions au milimètre près, méfiance ! Car les ébénistes d'avant la révolution
ne connaissaient pas le système décimal; encore moins le système métrique actuel.
Officiellement banni à la fin de la Révolution,le calcul en pieds et pouces est resté usité jusqu'au XIXe
siècle dans bien des provinces.
Le système métrique ne s'est
réellement généralisé qu'au milieu du XIXe.
Attention,le meuble douteux risque d'être postérieur à cette époque.
Attention,le meuble douteux risque d'être postérieur à cette époque.
Epaisseur des placages
Si le meuble convoité est recouvert d'un placage,contrôlez son épaisseur.
Facile si le meuble est équipé de tiroirs: ouvrez le pour examiner la tranche de la façade.
Sur un meuble dépourvu de tiroirs,il faudra examiner la face arrière ou le dessous.
Facile si le meuble est équipé de tiroirs: ouvrez le pour examiner la tranche de la façade.
Sur un meuble dépourvu de tiroirs,il faudra examiner la face arrière ou le dessous.
Un placage ancien (XVIIIe et antérieurs) est d'épaisseur inégale,visible à l'oeil nu, sur le
bord d'un tiroir. C'est la conséquence logique d'un sciage manuel délicat. Un placage du XIXe (ou postérieur) présente une épaisseur uniforme, résultat d'une coupe
mécanique précise.
Si vous pouvez mesurer l'épaisseur, vous constaterez que les placages anciens sont épais (1,5 à 3 mm)alors
que les placages mécaniques du XXe et postérieurs sont très fin (moins d'1
mm).
Dossiers
Si le siège qui vous attire est réputé fin XVIIe ou XVIIIe,examinez
l'assemblage des dossiers pour le dater.Tâche aisée sur un meuble ciré; à peine plus difficile sur un modèle peint ou vernis, car le revêtement d'un siège ancien est toujours (légèrement)
craquelé à l'endroit des assemblages.
Jusque vers 1760-70, les styles
Louis XIV, Régence et la plupart des Louis XV se caractérisent notamment par une coupe verticale dans l'assemblage des parties supérieures des dossiers.
Fin XVIIIe, avec le style Louis
XVI, les assemblages se font pour la plupart avec des coupes horizontales.
Galeries de parasites
Les vers ont creusé des galeries dans la plupart des meubles anciens. Elles sont
surtout visibles sur les meubles massifs où leurs orifices affleurent, particulièrement sur
les pieds et les bâtis.
Moins évident sur les meubles en placages ou marqueterie (les vers n'apprécient guère les colles et vernis), ils n'en sont pas absent pour autant, mais se cachent dans les recoins, au dos ou dans les tiroirs.
Moins évident sur les meubles en placages ou marqueterie (les vers n'apprécient guère les colles et vernis), ils n'en sont pas absent pour autant, mais se cachent dans les recoins, au dos ou dans les tiroirs.
Très rares sont les meubles
anciens exempts de traces du passage de larves et de parasites.
L'absence totale de galeries sur un meuble massif présenté comme étant du XVIIIe, par exemple, doit vous faire douter.Car les traitements préventifs (ou curatif du bois) et la chasse aux larves ne se sont généralisés qu'au XXe siècle.
L'absence totale de galeries sur un meuble massif présenté comme étant du XVIIIe, par exemple, doit vous faire douter.Car les traitements préventifs (ou curatif du bois) et la chasse aux larves ne se sont généralisés qu'au XXe siècle.
La présence des galeries de vers est tellement liée à l'histoire des meubles anciens que les copies récentes (et plus encore les faux) s'enorgueillissent de trous ressemblant aux orifices des galeries.
Certains menuisiers ont même appris à les imiter en tirant à la carabine à plomb ou au fusil
de chasse sur les meubles avec du petit plomb!
Principale différence:les "vrais" parasites creusent des galeries
irrégulières et plûtot longitudinales,en suivant les veines du bois.En revanche,les "faux" trous sont rectilignes et généralement perpendiculaires à la surface du
meuble.
A l'oeil,on peut repérer
l'orientation des galeries.A défaut,testez-les avec une fine épingle.
Si la pointe est très vite bloquée, si elle s'enfonce latéralement,o u si vous sentez le début d'un conduit en l'orientant, il est propable que vous êtes en présence de galeries de vers.
Si la pointe est très vite bloquée, si elle s'enfonce latéralement,o u si vous sentez le début d'un conduit en l'orientant, il est propable que vous êtes en présence de galeries de vers.
Si l'épingle suit un orifive longiligne,méfiance,il s'agit probablement
d'une fausse galerie.
Attention, ce conceil a ses limites car certaines copies sont réalisées
à partir de bois anciens où les parasites ont déjà fait leur oeuvre.
Usure
Utilisation régulière et frottements continus finissent par user les
meubles,même les plus endurants.
Ces traces d'usurent ne se retrouvent que sur les pièces qui ont vécu; les créations récentes en sont vierges.
Ces traces d'usurent ne se retrouvent que sur les pièces qui ont vécu; les créations récentes en sont vierges.
Sur tous les meubles à
pieds, examinez les extrémités. Les marques de lavage (décoloration ou inversement noircissement), les extrémités irrégulières, les traces de frottements
ou de petits chocs sont les stigmates des vieux meubles.
Sur les meubles à
tiroirs, regardez les arêtes latérales supérieures. Une manipulation continue de plusieurs générations finit toujours par marquer les rebords en les arrondissant, même avec les bois les plus durs.
Passez la main sous les
tiroirs, à demi ouverts. Là aussi, les côtés doivent porter des marques d'usure: stries ou simples arondis. Il arrive
aussi qu'ils aient été renforcés par des lames de bois plus récentes: vous sentirez la différence au toucher.
Clous et semences
Jusqu'au XIXe siècle, les vis étaient très rares
dans un meuble.
En marge des assemlages par chevillage, les fixatons d'accessoires et de pièces mineures se faisaient avec des clous, des semences ou des pointes.
En marge des assemlages par chevillage, les fixatons d'accessoires et de pièces mineures se faisaient avec des clous, des semences ou des pointes.
Inutile de les extraire pour savoir s'il s'agit de pièces anciennes ou de
matériel récent.
Forgés à la main, les gros clous
anciens et les petites semences
(courantes sur les tapisseries de sièges du XVIIIe) présentent des facettes martelées,contrairement aux modèles récents,à l'empreinte plus uniforme.
(courantes sur les tapisseries de sièges du XVIIIe) présentent des facettes martelées,contrairement aux modèles récents,à l'empreinte plus uniforme.
Les pointes sont plus usitées sur les meubles du XIXe que sur ceux des siècles antérieurs.
Elles se reconnaissent à une tête très plate, fine, aux bords souvent irréguliers. Alors que celles du XXe siècle sont épaisses,avec des bords très réguliers.
Elles se reconnaissent à une tête très plate, fine, aux bords souvent irréguliers. Alors que celles du XXe siècle sont épaisses,avec des bords très réguliers.
La présence de quelques clous ou semences récents peuvent su justifier par une
réparation.Mais si le meuble est en couvert,méfiance!
Inversement,on peut aussi utiliser des pièces anciennes sur une
copie...
Traces d'outils
Le sciage mécanique est apparu au début du XXe
siècle et s'est popularisé dans les années
1840-50.
Auparavant, les ébénistes sciaient toutes leurs pièces à la main.Leur travail est facile à voir sous un siège,ou sous le plateau d'un table.
1840-50.
Auparavant, les ébénistes sciaient toutes leurs pièces à la main.Leur travail est facile à voir sous un siège,ou sous le plateau d'un table.
Aussi soignées soient-elles, ces pièces sont toujours marquées de traces irrégulières, avec
des stries plus ou moins grosses.Des traits de scie nettement plus fins et très
réguliers,ou en arc de
cercle,trahissent l'utilisation de scies mécaniques à ruban ou circulaire. Il s'agit donc de travaux du XIXe ou du XXe
siècle.
L'absence totale de marques est
anormale: elle peut traduire un ponçage réalisé par un ébéniste particulièrement maniaque...mais plus souvent un rabotage destiné à camoufler des traits de scie mécanique.
A vos loupes et bonne expertise !
A vos loupes et bonne expertise !
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